Jean-Louis Forain et Montmartre
Louis Henri Forain, plus connu du grand public sous le nom de Jean-Louis Forain, est un peintre, un graveur français et un illustrateur. Il est né le 23 Octobre 1852 à Reims, et est mort à Paris à l’âge de 78 ans. Il a vécu à Montmartre.
Biographie de Jean-Louis Forain
Jean-Louis Forain est le fils d’un peintre en bâtiment. Il s’installe à Paris dans les années 1860 où il étudie le dessin et la peinture auprès de Jean-Baptiste Carpeaux, Jacquesson de La Chevreuse et André Gill. Il intègre ensuite l’Ecole des beaux-arts où il a Jean-Léon Gérôme pour professeur.
Il commence sa carrière d’illustrateur dans la revue La Cravache parisienne en 1876. Puis, il publie plusieurs caricatures dans divers journaux, comme Le Monde parisien, Le Scapin et La Vie moderne. Ce qui le distingue des autres illustrateurs ce sont ses ironies pleines d’entrain.
Jean-Louis Forain participe activement aux salons de la comtesse de Loynes et de Nina de Callias. Il y croise Edouard Manet et Edgar Degas.
Il débute comme peintre aux côtés de ces deux impressionnistes. Il prend part à plusieurs expositions avec ces derniers entre les années 1879 et 1886. Le Salon des artistes français accepte son tableau montrant une réception mondaine nommé « Le Buffet » en 1884 (image ci-contre). Puis, il reçoit un autre tableau de Forain : Le Veuf, en 1885.
En 1887, Le Courrier français commence à publier les dessins satiriques de Jean-Louis Forain. Puis, en 1891, ce célèbre dessinateur commence à collaborer avec Le Figaro. Cette collaboration durera 35 ans avec à peu près 1000 dessins produits par Forain. Cette même année, soit en 1891, Jean-Louis Forain se marie à la portraitiste Jeanne Bosc. Selon de nombreux universitaires, il est le plus grand dessinateur depuis Daumier et Goya. Le guide Paris-Parisien le décrit également comme étant un dessinateur de grand talent en 1896. Au moment de l’affaire Dreyfus et du scandale de Panama, il abandonne durant un certain temps la satire sociale au profit de la satire politique. En 1898, il fonde, avec Caran d’Ache, et avec le soutien de Maurice Barrès et d’Edgar Degas, le journal anti-dreyfusard « Psst… ! ».
En 1914, Jean-Louis Forain participe à la Première Guerre Mondiale. Faisant partie de la section de camouflage, il suit les soldats en guerre pour pouvoir dessiner, mais aussi afin de soutenir ces derniers moralement.
La guerre finie, Forain crée, avec Francisque Poulbot, ainsi que d’autres artistes, la République de Montmartreen 1921. Il en est élu Président en 1923 jusqu’à son décès le 11 juillet 1931.
Par attachement à Reims, sa ville Natale, Jean-Louis Forain donne au musée municipal un grand nombre de dessins de guerre en 1921.
Quelques œuvres de Jean-Louis Forain
Les œuvres de ce talentueux illustrateur, graveur et peintre français ne sont pas toutes conservées en France. Certaines se trouvent dans les musées de Moscou, de New York, ou encore de Mexico. Forain a une grande passion pour la danse et il a même choisi celle-ci comme thème de prédilection pour ses œuvres.
Il la décline en utilisant tous les procédés de peinture qui lui sont chers. Ainsi, on retrouve :
- Des peintures faites suivant le procédé de l’huile sur toile, comme Le Pêcheur, Le Veuf (image ci-contre), La Loge, Les Courses, etc.
- Des Pastels : dans les collections publiques, il y a le Portrait de J-K Huysmans, la « Femme respirant des fleurs », « Dans les coulisses », et la « Femme à sa toilette ».
- Des Aquarelles, dont Soirée Parisienne, Le Bar aux Folies-Bergère, Le Client, et Entracte, Sur la Scène.
- Des gouaches, tels que Le Trottin de Paris, et La Confidence au Bal.
Jean-Louis Forain et la République de Montmartre
Plus qu’un peintre et un dessinateur, Forain est aussi populaire pour ses œuvres au sein de la République de Montmartre (R.D.M). Cofondée par Joe Bridge, un dessinateur humoriste, Adolphe Willette, Jean-Louis Forain, Francisque Poulbot et Maurice Neumont, celle-ci est le nom donné à l’association philanthropique de Montmartre. L’objectif principal de ce regroupement est de préserver l’esprit, ainsi que l’entraide des artistes de Montmartre face à l’irruption du modernisme sans limites. La devise de la République de Montmartre est "faire le bien dans la joie".
• La création de la République de Montmartre
La Première Guerre Mondiale a créé aux parisiens une soif de modernité. Puis, Montmartre est envahie, petit à petit par les promoteurs. Pour protéger le quartier contre cet envahissement, le dessinateur Jules Depaquit fonde, avec plusieurs compères, la Commune libre de Montmartre en avril 1920. Celle-ci vise à maintenir un esprit festif et un esprit de village dans ce quartier.
En vue de prolonger l’esprit de cette association, la République de Montmartre est créée en 1921. Ainsi, le but de la R.D.M n’est pas politique. Elle dépose ses statuts le 7 Mai 1921. Puis, en 1923, le chansonnier Lucien Boyer écrit son hymne officiel.
• Les travaux de Jean-Louis Forain et Francisque Poulbot au sein de la Ré publique De Montmartre
Tout comme Jean-Louis Forain, Francisque Poulbot est aussi un illustrateur et un dessinateur français. Il s’établit à Montmartre en février 1914. Après la première guerre mondiale durant laquelle il signait des cartes postales et des affiches patriotiques, il s’associe à la fondation de la République de Montmartre, avec Forain, Maurice Neumont, Adolphe Wilette et Raoul Guérin.
Forain et Poulbot, aidés par leurs amis, construisent dans les années 1921 un dispensaire dénommé Les P’tits Poulbots. Celui-ci se charge de l’alimentation, de l’hygiène, de la santé et des vêtements des enfants nécessiteux du quartier de Montmartre. Après cela, afin d’offrir à ces derniers des moments de bonheur, une fête appelée les « Arbres de Noel » est organisée chaque année durant que Forain a été à la présidence, soit entre 1923 et 1931. Ces événements, avec cadeaux et spectacles, se passent au cirque Medrano, au Moulin de la galette, au Moulin-Rouge ou à l’hôpital Bretonneau.
L’association organise aussi d’autres fêtes au profit des enfants déshérités au cours de ces années. Parmi les plus célèbres, il y a le Carnaval de Granville en 1923, le Bal Polin en 1925, et en 1931, la Gare de Montmartre. Un autre grand événement mérite également d’être cité. Il s’agit de la fête Principale de 1929. Cette fête est devenue un bel exemple de la préservation des sites. Jean-Louis Forain et ses amis créent, en effet, un espace vert appelé « Square de la Liberté » au profit des enfants de la Butte. L’idée leur est venue suite à un projet immobilier dans la rue Saint-Vincent et la rue des Saules. Selon eux, les constructions dénatureront l’esprit champêtre de ces lieux. Ils se sont alors opposés à ce projet et créent, à la place, un espace vert.
Jean-Louis Forain est mort en 1931. Il est enterré au cimetière du Chesnay. Dans les Cahiers de l’écrivain et poète Paul Valéry, il existe une note sur ses obsèques. Après sa mort, les œuvres de la République de Montmartre continuent avec le soutien de Francisque Poulbot.
• La République de Montmartre après la mort de Jean-Louis Forain
Avant la mort de Forain, il y avait un projet de plantation de vignes sur une aire de jeux. Celui-ci n’a pas abouti. En 1933, la Commune de Montmartre décide de le terminer. La réalisation de ce projet a été soutenue par la République de Montmartre et Poulbot. Les premières vendanges modernes ont lieu en 1934, en présence d’Albert Lebrun, le président de la République française. Depuis lors, à chaque octobre de l’année, les habitants de Montmartre célèbrent la Fête des vendanges de Montmartre.
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